La médecine moderne s’appuie sur des technologies toujours plus performantes. Elle compile de plus en plus de données et s’en sert pour améliorer les pronostics de soins pour les patients. La chirurgie robotisée en est un bon exemple. Elle traduit les informations d’imagerie et une compilation d’autres données pour aider le chirurgien à réaliser le meilleur geste possible. Toutefois il reste décisionnaire de la technique qu’il réalisera. En kinésithérapie peu de technologies enregistrent de la data dont la retranscription permet au praticien de proposer une meilleure qualité de soin à ses patients. La réalité virtuelle intègre cette possibilité. Beaucoup de données sont enregistrées : des mesures d’angle, de distance, de vitesse, de précision…
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Bien que non soumis à l’obligation de résultats, le kinésithérapeute est de plus en plus soumis à un contrôle d’activité et à une obligation de moyens. Il nous est demandé de faire mieux avec moins de séances : une utopie diront certains, pas si sûr diront d’autres.
Aucune rééducation n’est parfaitement linéaire. Les progrès peuvent être lents, par paliers. Plus le praticien saura compiler de données, plus il pourra retranscrire ces évolutions. La VR enregistre les données des séances donc la retranscription de données n’incombe plus au praticien. Il peut se consacrer à d’autres tâches tout en ayant à sa disposition des données objectives et précises. La quantification des évolutions n’est plus de l’ordre du subjectif.
Une récente méta analyse publiée sur la base Pedro[1] souligne l’intérêt de la rééducation par réalité virtuelle dans plusieurs domaines thérapeutiques. La VR immersive en ressort comme la technologie la plus pertinente. Pour booster les résultats elle nécessite la customisation des environnements. En d’autres mots c’est à la VR de s’adapter au patient en non au patient de s’adapter à la VR. Mais en pratique qu’est ce que cela veut dire et quels en sont les bénéfices pour le patient et le praticien ?
Le fait de pouvoir utiliser la technologie VR et la modification des environnements permet au praticien de proposer systématiquement l’exercice le plus adapté aux capacités du patient. Un patient qui fatigue au cours d’une séance a besoin d’avoir un objectif revu pour ne pas l’exposer à un échec qui viendrait entraver l’impact positif au niveau de la plasticité cérébrale d’une réussite d’exercice. Le patient réalisera des séances précises et ciblées. Il passera moins de temps dans un cabinet et ce temps sera néanmoins optimisé.
Ainsi un patient pris en charge pour une pathologie d’épaule pourra réaliser des soins actifs dans un secteur articulaire avec une précision de l’ordre du mm ou du degré près. D’une séance sur l’autre le praticien sera en mesure de proposer des soins d’une extrême justesse en s’appuyant sur des données objectives dissociant les compétences articulaires et musculaires. A une même amplitude de flexion le patient gagne t’il en rapidité d’exécution de mouvement ? le geste est-il plus stable ? au bout de combien de temps le geste devient-il plus lent ? quand la fatigabilité devient elle prépondérante ? Est-ce la vitesse d’exécution du mouvement qui ne progresse pas malgré une augmentation d’amplitude. Chaque critère pourra être considéré indépendamment et ajusté en temps réel pendant la réalisation et ce sans même que le patient ne se rende compte que le praticien a modulé l’objectif de la séance. Il en sera de même pour les affections du rachis ou des membres inférieurs.
En plus d’être un outil polyvalent pour le kinésithérapeute, la VR pourra devenir l’allié de la performance : des séances plus ciblées, plus précises avec des résultats supérieurs et plus rapides.
[1] Virtual Reality in Neurorehabilitation: An Umbrella Review of Meta-Analyses Alexandra Voinescu, Jie Sui, Danaë Stanton Fraser. J Clin Med. 2021 Apr; 10(7):1478. doi: 10.3390/jcm10071478